Yamaha est en train de vivre une profonde transformation en MotoGP, avec l’objectif clair de combler l’écart avec les constructeurs européens qui ont dominé ces dernières saisons. Au cœur de cette révolution se trouve Max Bartolini, le nouveau directeur technique de Yamaha, qui a rejoint la marque japonaise après une brillante carrière chez Ducati aux côtés de Gigi Dall’Igna.
Sa mission est de ramener Yamaha en haut de la grille, et l’une des décisions les plus cruciales auxquelles ils sont confrontés est la transition possible de leur moteur classique à quatre cylindres en ligne vers un V4, un changement qui pourrait redéfinir l’avenir de la YZR-M1.
Le moteur a été l’un des points critiques du développement de la M1 ces dernières années. Alors que les équipes européennes telles que Ducati, KTM et Aprilia ont opté pour des moteurs V4, Yamaha reste le seul constructeur à utiliser un moteur à quatre cylindres en ligne.
Cependant, cette approche pourrait être sur le point de changer. Dans une récente interview accordée à Speedweek.com, Bartolini a expliqué la complexité de l’intégration d’un moteur V4 dans la structure de la M1, soulignant qu’il ne s’agit pas simplement de changer le moteur, mais de repenser l’ensemble de la moto à partir de zéro.
« Depuis que nous avons pris la décision de développer un V4, nous avons entamé le processus de conception, à ce stade, il n’y a rien de tangible que nous puissions tester sur un banc d’essai, et encore moins sur la moto qui l’accompagnera. Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’implémenter un nouveau moteur. Décider d’utiliser un moteur V4 signifie construire une MotoGP complètement nouvelle. Je répète : complètement nouvelle. Il n’est pas possible de séparer le moteur du reste de la moto. Il est, par essence, impossible d’installer un nouveau moteur sur la moto actuelle et de le tester ».
Ces mots montrent clairement que Yamaha a encore un long chemin à parcourir « Nous devons maintenant construire le moteur V4 et développer une moto spécialement conçue pour ce type de moteur. Une fois que tout sera prêt, la phase de test commencera et ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons comparer deux motos complètement différentes. Ce n’est que lorsque nous aurons confirmé les avantages de la moto à moteur V4 que nous pourrons envisager de l’utiliser en course. Le règlement nous permettrait de passer d’un quatre cylindres en ligne à un V4 en cours de saison, mais l’utilisation d’un nouveau V4 doit être entièrement préparée. Il n’est pas possible de faire des allers-retours ».
Cette approche prudente montre que le passage à un V4 ne vise pas seulement à améliorer les performances du moteur. Bartolini explique que la décision va au-delà des chiffres de performance et implique une vision stratégique à long terme : « Je peux dire que nous n’avons pas décidé ce changement en nous basant uniquement sur les aspects de performance du moteur. En fait, en travaillant avec le département technique et le designer Luca Marmorini, nous connaissons très bien les avantages du moteur à quatre cylindres en ligne : il y a encore beaucoup de potentiel dans le moteur actuel. Mais l’objectif est différent. En fin de compte, nous avons dû nous rendre compte qu’en tant que seul constructeur utilisant un moteur à quatre cylindres en ligne, nous n’avons pas de référence ».
Bartolini a également souligné que cette isolation technique affecte d’autres domaines clés de la moto, tels que le châssis et l’interaction avec les pneus. « Tout est lié. Et à ce stade, des considérations stratégiques entrent également en jeu. La réalité est que nous participons à un championnat du monde extrêmement exigeant dans lequel tous les autres constructeurs préfèrent le concept V4 ».